Podcast | La maladie qui ravage les cacaoyers - S.6 Ép. 1

Just out 18 July 2025
Fin 2024, le prix du cacao passe à 10 000 $ la tonne. C'est deux fois plus qu'en décembre 2023. En cause : le changement climatique, l'irrégularité des pluies, et le "swollen shoot", une maladie qui décime les cacaoyers dans plusieurs pays africains. Aucun traitement n'existe, si ce n'est lutter contre les cochenilles farineuses, ces petits insectes blancs qui transmettent le virus aux arbres. Face à ce fléau, et pour éviter aux producteurs d'abattre les cacaoyers, il existe une solution : l'agroforesterie...
Assata Doumbia est productrice de cacao en Côte d'Ivoire © ECAM
Assata Doumbia est productrice de cacao en Côte d'Ivoire © ECAM

Assata Doumbia est productrice de cacao en Côte d'Ivoire. Sa plantation, située dans la région de Nawa au Sud-Ouest du pays, s'étend sur environ quinze hectares. Elle est aussi co-fondatrice de la coopérative ECAM, qui rassemble plus de 3500 producteurs et productrices de cacao à Nawa © ECAM

Avec :

  • Régis Babin, entomologiste au Cirad
  • Assata Doumbia, productrice de cacao en Côte d'Ivoire et présidente du conseil d'administration de la coopérative ECAM

Le swollen shoot entraîne d'abord une perte de productivité chez les cacaoyers : 25 % en moins la première année, 50 % la deuxième année. La mort des arbres survient dans les trois à cinq ans après l'apparition des premiers symptômes. Pour les producteurs, la seule solution est souvent de couper les arbres.

On estime qu'il y a environ 600 000 producteurs de cacao en Côte d'Ivoire. Il faut penser qu'autour deux, il a des familles. La filière cacao fait vivre plusieurs millions de personnes en Côte d'Ivoire.

Régis Babin
Régis Babin © Cirad

Régis Babin © Cirad

La maladie se transmet via les cochenilles, des petits insectes présents partout en Côte d'Ivoire. Les cochenilles sont très peu sensibles aux insecticides, et profitent de la proximité des cacaoyers pour se déplacer d'arbre en arbre, entraînant une contagion en tâche d'huile. 

Colonie de cochenilles farineuses sur une cabosse de cacao en Côte d'Ivoire.  Plantation située à Azaguié, au Sud-Est du pays. © R. Babin, Cirad

Colonie de cochenilles farineuses sur une cabosse de cacao en Côte d'Ivoire.  Plantation située à Azaguié, au Sud-Est du pays © R. Babin, Cirad

La production de cacao est passée en monoculture il y a une quarantaine d'années environ. Les cacaoyères d'aujourd'hui ressemblent donc à d'immenses champs uniformes. Comme l'expliquent Régis et Assata, la solution réside donc dans le fait de mettre des barrières végétales entre les cacaoyers, pour faire barrage aux cochenilles. Ces systèmes de culture en agroforesterie, associant caféiers, anacardes, manguiers ou encore hévéa, sont testés sur plusieurs parcelles de la coopérative ECAM.

Plus question de faire la monoculture, ça a montré ses limites. Chaque année, on produit plus de 10 000 plantes qu'on distribue à nos producteurs, de sorte que là où il y a des espaces vides, on essaie de mettre des arbres. D'ici quelques années, tous nos plantations seront en agroforesterie.

Assata Doumbia
Assata Doumbia © ECAM

Assata Doumbia © ECAM

ECAM fait partie des plus grandes coopératives de cacao de Côte d'Ivoire. Créée en 2004, cela fait plus de vingt ans qu'elle accompagne les productrices et producteurs ivoiriens de la région de Nawa. Assata Doumbia en est présidente du conseil d'administration.

Récolte de cabosses de cacao dans la plantation d'Assata Doumbia © ECAM

Récolte de cabosses de cacao dans la plantation d'Assata Doumbia © ECAM

Des travaux de recherche sur la diversification de la culture de cacao sont financés par l'Union européenne et l'Agence française de développement dans le cadre du projet Cocoa4future, coordonné par le Cirad. Des essais sont menés en Côte d’Ivoire et au Ghana, avec les partenaires scientifiques et de nombreuses coopératives.

Nourrir le vivant, le podcast du Cirad

La population mondiale devrait atteindre dix milliards de personnes en 2050, faisant bondir la demande en produits agricoles. Or, nos approches conventionnelles de la production et de la consommation ne permettent pas de répondre durablement à cette augmentation. Entre pollution, perte de biodiversité, réchauffement climatique… Comment ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Ce défi, colossal, nous impose de changer radicalement notre rapport au vivant. À travers son podcast Nourrir le vivant, le Cirad vous emmène à la découverte de territoires et populations qui réinventent leur agriculture. Accompagnés de scientifiques, agricultrices, formateurs, étudiantes, éleveurs découvrent la force de transformation des systèmes agricoles, de la production alimentaire à l’emploi, en passant par la santé des écosystèmes.