Stockage de carbone prometteur dans les systèmes agroforestiers de la côte Est de Madagascar

18/11/2024
Une étude récente, menée dans le cadre du projet BiodivClo, a permis de mesurer avec précision les stocks de carbone et de mieux comprendre les usages du bois dans ces systèmes dans les systèmes agroforestiers à base de giroflier dans la côte Est de Madagascar. Les résultats mettent en lumière la diversité des capacités de stockage de carbone en fonction de l'usage des espèces et de leur gestion dans les systèmes agroforestiers. Il a été révélé que ces systèmes peuvent stocker jusqu'à 19 tonnes de carbone par hectare et que certains espèces peuvent stocker jusqu'à 110 kilogramme de carbone par arbre.
Choix d'un arbre dans une parcelle agroforestière ​​​​​​© J. Sarron, Cirad
Choix d'un arbre dans une parcelle agroforestière ​​​​​​© J. Sarron, Cirad

Choix d'un arbre dans une parcelle agroforestière ​​​​​​© J. Sarron, Cirad

Aucune étude n'a été réalisée auparavant sur les différents usages des espèces arborées et leurs capacités de stockage du carbone dans les systèmes agroforestiers à base de giroflier précision alors même que le principal impact environnemental de la culture du giroflier réside dans l'utilisation de bois énergie pour la distillation de l'huile essentielle.

Évaluation des biomasses aériennes et du stockage du carbone

Dans le cadre du projet Biodiversity for resilience of clove-based agroecosystems in Madagascar (Biodiv Clo), Capucine Vaillant, élève ingénieure encadrée par un chercheur du Cirad à Madagascar, a effectué des mesures de biomasses aériennes pour estimer les stocks de carbone dans les parcelles agroforestières et forestières dans la cote Est de Madagascar, plus précisément, dans le fokontany d'Antsirakoraka du district de Vavantenina, dans la région Analanjirofo. Elle a ainsi développé des équations allométriques spécifiques pour cinq essences forestières majeures présentes dans ces systèmes : le gliricidia, le ranominty, le bonara et deux espèces de bambou, qui sont utilisées pour la production de bois énergie et de construction.

Une première estimation précise sur le stockage du carbone dans les systèmes agroforestiers à base de giroflier

L'étude a révélé que les systèmes agroforestiers à base de girofliers stockent entre 17 et 19 tonnes de carbone par hectare, selon la complexité des plantations. Ce chiffre est comparable à celui des vieilles plantations d'eucalyptus, qui, avec 21 tonnes de carbone par hectare, sont les plus performantes en termes de stockage du carbone parmi les systèmes étudiés.

Des résultats variés selon les espèces et leur usage

Mesure de hauteur à l'aide d'un dendromètre Vertex © C. Vaillant, Cirad

Selon cette même étude, le bonara, une espèce utilisée principalement pour la construction et moins exploitée pour le bois énergie, présente une capacité de stockage élevée, avec jusqu’à 110 kg de carbone par arbre. En revanche, des espèces plus exploitées pour le bois énergie, comme le ranominty, ont des biomasses individuelles plus faibles. Ces résultats mettent en lumière la diversité des capacités de stockage du carbone en fonction de l’usage des espèces et de leur gestion dans les systèmes agroforestiers.

Vers une meilleure compréhension de l'impact des prélèvement de bois sur les stocks de carbone

Les systèmes à base de girofliers, avec leurs divers usages du bois et leur potentiel de stockage de carbone, représentent un atout important pour la durabilité environnementale. Bien que les plantations d’eucalyptus restent les plus efficaces pour stocker du carbone, les systèmes agroforestiers à base de girofliers offrent également un potentiel important, notamment dans les zones où les girofliers sont cultivés en association avec d'autres espèces comme le litchi, le manguier, le jaquier, et l'Eucalyptus robusta.

Il reste encore des études à mener pour affiner ces résultats. Des recherches complémentaires doivent être réalisées pour mesurer les biomasses des girofliers, ainsi que pour évaluer les pratiques de récolte des agriculteurs, afin de mieux comprendre l'impact des prélèvements de bois sur les stocks de carbone dans ces systèmes.