La rizipisciculture : un accompagnement adapté pour une meilleure adoption des pratiques

09/12/2024
À Madagascar, l’agriculture fait face à des défis majeurs liés à la transition démographique, au changement climatique et à l’instabilité des marchés. Pour répondre à ces enjeux, il existe des pratiques agricoles innovantes tendant à améliorer la sécurité alimentaire et les revenus des paysans. Parmi ces pratiques, la rizipisciculture ou l’élevage de poissons dans les rizières, s’impose comme une solution potentiellement transformative, notamment pour augmenter la disponibilité des poissons, tout en améliorant les rendements du riz. Toutefois, l’intégration de cette pratique nécessite bien plus qu’une simple diffusion de nouvelles techniques : un accompagnement adapté et efficace est utile pour assurer son adoption à grande échelle. Le projet MAKIS, piloté par le Cirad vise à étudier la diversité des pratiques d’accompagnement afin de les améliorer. En collaboration avec l'association APDRA, l’équipe du projet s’intéresse au dispositif d’accompagnement de cette innovation. Partons sur le terrain pour en découvrir plus …

Parcelle rizipiscicole dans les hautes terres de Madagascar © J-M. Mortillaro, Cirad

La rizipisciculture : une solution pour améliorer la sécurité alimentaire et les revenus

La rizipisciculture présente des avantages multiples pour les producteurs. Elle permet de diversifier les sources de revenus en associant l’élevage de poissons à la culture du riz, avec des rendements accrus de 10 à 20 % dans les rizières. Elle contribue également à la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la nutrition en augmentant l’offre en poissons, une source importante de protéines pour les Malgaches.  Aujourd’hui, la consommation de poisson à Madagascar est de 5,4 kg par habitant et par an, mais l’Etat vise un objectif de 11 kg par habitant et par an. Ainsi, la rizipisciculture devient une réponse intéressante pour atteindre ces objectifs en contribuant à la fois à la sécurité alimentaire et à la durabilité des systèmes agricoles.

Cependant, malgré ces avantages, l’adoption de la rizipisciculture est freinée par plusieurs contraintes externes, telles que les problèmes d’accès à l’eau, le vol de poissons, les difficultés de commercialisation et les effets du changement climatique. Ces obstacles limitent la capacité des producteurs à intégrer durablement cette pratique dans leurs systèmes agricoles.

L’accompagnement des producteurs : au-delà de la simple transmission de la technique

Accompagner les producteurs dans l’adoption de la rizipisciculture ne se limite pas à leur proposer une nouvelle technique. Il s’agit de comprendre les spécificités locales, d’identifier les freins et leviers, et de proposer des solutions adaptées aux réalités de chaque producteur. Cela nécessite une approche globale et flexible, où l’accent est mis sur l’accompagnement continu et le renforcement des capacités des producteurs à travers une relation de confiance avec les techniciens et les organisations de développement. 
Dans le cadre des accompagnements de l’APDRA, les producteurs sont formés sur les aspects techniques de la rizipisciculture, mais aussi sur la gestion des infrastructures nécessaires, telles que les diguettes et les systèmes d’irrigation. L’aspect coactif de l’accompagnement, où les producteurs sont invités à participer activement à la recherche de solutions et à l’identification de leurs besoins spécifiques, apparaît comme un facteur clé de succès. Cette démarche permet aux producteurs de s’engager directement dans l’amélioration de problèmes communs, de mieux s’approprier les pratiques et d’adapter les conseils techniques à leurs propres réalités.

Le Projet MAKIS, pour mieux accompagner l’innovation agricole

Le projet MAKIS, soutenu par l'Union Européenne et coordonné par le Cirad, s’intéresse aux modèles d’’accompagnement des innovations agricoles à Madagascar. En se concentrant sur l’étude des processus d’innovation et des pratiques d’accompagnement des producteurs, MAKIS vise à identifier les approches les plus efficaces pour favoriser l’adoption de nouvelles pratiques comme la rizipisciculture. En collaboration avec l'APDRA, le projet cherche à renforcer les modèles d’accompagnement existants, afin qu’ils répondent aux besoins des rizipisciculteurs tout en tenant compte des spécificités locales et des contraintes socio-économiques ainsi qu’environnementales.
Cette capsule réalisée par Nangadef Production, en collaboration avec le Cirad et TV5 Monde nous emmène sur le terrain pour en découvrir plus sur ces pratiques et les accompagnements.