La recherche doctorale du Cirad à l’honneur à la Fête de la science

02/06/2025
La Fête de la science est un événement francophone de culture scientifique qui se tient chaque année en France métropolitaine, en Outre‐mer et à l’international. Elle vise à rapprocher les sciences de la société, une mission partagée par le Cirad. Au Cameroun, l'édition 2025 s’est tenue à Ma’an, dans le Sud du pays, autour du thème « Une seule santé : gérer durablement les écosystèmes forestiers au service de la santé globale ». Cette thématique a offert l'opportunité de valoriser les travaux de recherche dans les domaines de la santé humaine, animale, végétale et environnementale. Dans ce cadre, le Cirad a mis à l’honneur les travaux de trois jeunes doctorantes et doctorants, qui incarnent la relève scientifique engagée. Leurs recherches témoignent de notre volonté d’ancrer la science dans les réalités du terrain et de contribuer à des solutions durables. Voici, une synthèse de leurs travaux.
Les participants à la fête de la science. © J. Kayoum, IRD
Les participants à la fête de la science. © J. Kayoum, IRD

Participants à la fête de la science. © J. Kayoum, IRD

Qu’il s’agisse de zoonoses, de maladies tropicales négligées ou de prévention locale, les recherches de Priscille Fokam, Mathias Talla Mba et Danielle Bell illustrent une approche interdisciplinaire.

Les obstacles à l'efficacité des stratégies locales One health

Intervention de Priscille Fokam. © J. Kayoum, IRD

Intervention de Priscille Fokam. © J. Kayoum, IRD

Inscrite en "Géographie de la santé" à l'Université de Douala, Priscille Fokam est doctorante contractuelle à l'équipe de recherche du Cirad dans le cadre du projet Preventing ZOonotic Disease Emergence (PREZODE). Elle a présenté une étude qui pose le problème de l’inefficacité de la prévention locale de la salmonellose en contexte One Health dans le district de santé de Kribi, au Sud Cameroun. En mobilisant une approche géoqualimétrique mixte (combinaison des données qualitatives et quantitatives), son analyse met en évidence deux types de stratégies : conventionnelles (santé humaine, santé animale, environnement) et endogènes (pratiques locales non documentées). Les dispositifs conventionnels souffrent d’un manque de ressources humaines, financières et matérielles, avec peu d’actions intégrées relevant réellement d’une approche One Health. Les pratiques endogènes, quant à elles, restent marginalisées faute de maitrise scientifique, limitant leur intégration aux stratégies conventionnelles. Son étude recommande une triangulation des interventions, en combinant le renforcement des capacités des acteurs, l’intégration des stratégies locales et une action coordonnée sur l’humain, l’animal et l’écosystème.

Le jeu ALERTE : un outil innovant pour renforcer la surveillance des zoonoses

Intervention de Mathias Talla Mba. © S. Koutchou, Cirad

Intervention de Mathias Talla Mba. © S. Koutchou, Cirad

Mathias Talla Mba est doctorant en écologie de la santé et épidémiologie à l'Université de Montpellier. Il fait partie de la liste enrichie des doctorants de l’Unité mixte de recherche Animal, Santé, Territoires, Risques et Ecosystèmes (UMR ASTRE) du Cirad. Mené à Campo dans la région du Sud Cameroun, son travail vise à évaluer à court terme l’impact du jeu sérieux ALERTE. Son étude mobilise les acteurs de la santé animale, de la santé publique, de l’environnement et de la société civile. Le protocole d'évaluation utilisé repose sur le modèle d’évaluation de Kirkpatrick (méthode conceptuelle utilisée pour évaluer les programmes de formation et/ou les effets d’un jeu). Les premiers résultats montrent une acquisition renforcée des connaissances et l’identification de potentielles actions concrètes à mettre en œuvre. Des travaux sont en cours pour évaluer le suivi des actions envisagées par les participants et les accompagner dans la mise en œuvre de ces actions sur le terrain afin d’améliorer les pratiques et anticiper sur des émergences zoonotiques.

Surveillance renforcée des Loranthacées et zoonoses dans les plantations d’hévéa au Sud Cameroun

Prise de paramètres morpho-métriques des pieds d’hévéas. © D. Bell

Prise de paramètres morpho-métriques des pieds d’hévéas. © D. Bell

Dans les plantations d’hévéa du Sud Cameroun, les loranthacées, plantes parasites, favorisent la prolifération de vecteurs responsables de maladies tropicales négligées (dengue, chikungunya, fièvre jaune, fièvre de Zika), dont le système de surveillance national n’est pas encore implémenté. Danielle Bell, doctorante en "Biodiversité, Écologie et Environnement" à l’Université de Douala, inscrite dans le cadre de la convention de cofinancement de thèse Cirad-Afrique Cambodge (AfriCam), a présenté une étude sur les liens entre pression parasitaire végétale et risques sanitaires. Son travail combine une caractérisation du parasitisme des Loranthaceae, une détermination de la prévalence des maladies vectorielles, un inventaire de la faune culicidienne (moustiques de la famille des Culicidae) et une évaluation de la densité des vecteurs en fonction de la présence de ces parasites.

Les travaux de ces scientifiques reflètent le rôle structurant du Cirad dans la formation par la recherche en Afrique centrale, ainsi que son engagement aux côtés de ses partenaires pour répondre aux défis sanitaires et environnementaux actuels.