Forum Une seule santé à Yaoundé : bilan et perspectives

18/12/2023
Le « Yaounde One Health Forum » s’est tenu sous l’égide de la Plate-forme nationale Une seule santé les 2 et 3 novembre 2023 au Cameroun. Le thème « Décennie de mise en œuvre de l’approche une seule santé en Afrique sub-saharienne : réalisations, défis et perspectives en vue d’améliorer la préparation et la réponse aux prochaines menaces à la sécurité sanitaire » a réuni plusieurs centaines de participants venus en particulier du Cameroun, de Guinée, du Cambodge de Madagascar et du Sénégal (membres du projet Africam). Le Cirad et ses partenaires du Projet Africam y étaient bien représentés.
Table ronde sur les enjeux de conservation de la biodiversité et les risques sanitaires © Cirad
Table ronde sur les enjeux de conservation de la biodiversité et les risques sanitaires © Cirad

Table ronde sur les enjeux de conservation de la biodiversité et les risques sanitaires © Cirad

Politique et gouvernance, des clés essentielles dans l’approche Une seule santé

Ce forum a rassemblé plusieurs centaines de participants, en particulier ceux du projet Africam de l'initiative PREZODE (PREventing ZOonotic Diseases Emergence) qui se déploie dans cinq pays dont le Cameroun, où le projet est copiloté par la l'IRD et le Cirad.

Le 2 novembre, Ludovic Temple a fait, en plénière, la première communication collective de la session « Politique, gouvernance, mise en œuvre et pérennisation de l’approche Une seule santé », intitulée : Approches intégrées de la santé en lien avec la santé publique dans une institution de recherche agronomique - communication introductive à l’ouverture du forum par le Premier ministre du Cameroun.

Un système de surveillance des aires protégées pour répondre aux enjeux de conservation de la biodiversité face aux risques sanitaires

Denis Depommier a participé, le 3 novembre, à une table ronde sur les enjeux de conservation de la biodiversité et les risques sanitaires. Le panel d’experts associait des représentants du ministère des Forêts et de la faune, de l’environnement et du développement durable, l’Université de Dschang, la FAO, la GIZ, le WCS, l’ONG Traffic, le Cirad et l’IRD.

Les débats ont notamment porté sur le besoin d’actions concrètes pour opérationnaliser le système de surveillance dans les aires protégées, l’implication des différents acteurs concernés (chasseurs, conservateurs, populations locales..), celle des partenaires techniques et financiers de la conservation dans la lutte contre les maladies émergentes et re-émergentes de la faune sauvage, la formation (au-delà de celle des seuls éco-gardes, encore peu familiers de l’approche One Health), mais aussi le besoin de connaissances, et d’outils appropriés pour anticiper et gérer des risques sanitaires - auxquels le Cirad, via Africam, peut apporter son expertise.

Deux manières d’appréhender l’approche One Health

Plus généralement, à travers l’ensemble des sessions tenues sur ces deux jours, les débats ont souligné deux polarités d’acceptation de « One Health ».

Une communauté de pratique de l’approche finalisée par le besoin de synchroniser des stratégies intersectorielles de réponse à des crises sanitaires et la prévention par l’épidemio-surveillance des territoires pour le contrôle ou l’anticipation d’émergence d’épidémie sur des maladies zoonotiques.

Une communauté de connaissance de conceptualisation systémique socioécologique et transdisciplinaire qui documente les causalités entre l’anthropisation humaine (pesticides, déforestation..), la biodiversité et les interactions entre les maladies (humaines, plantes, animaux). Cela pour améliorer le pilotage des politiques de recherche et d’innovations.

Ce forum a été aussi l’occasion d’interactions avec le programme (Breakthrough Action-Usaid) de formation des organisations de la société civile dans l’epidemio-surveillance de maladies zoonotiques de la plateforme nationale une seule santé.

Prévenir l’émergence des risques et gérer les crises

En complément, un atelier de programmation de l’activité « Renforcement des capacités collectives locales d’actions pour prévenir l’émergence des risques et gérer les crises » a été organisé à la Direction régionale du Cirad, réunissant les principaux partenaires impliqués : Irad, Universités de Yaoundé 2, Douala, Dschang et Ngaoundéré, ministère de l’Environnement, Association 3A.

Cet atelier a permis de renforcer une appropriation collective des termes de référence du projet. Il conduit à centrer les situations d’études à Kribi (l’un des deux sites du projet Africam, en région littorale) par la mise en regard de l’agroforesterie à cacaoyer et l’agro-industrie à hévéa et à Garoua (le second site au nord Cameroun) sur les systèmes de production basés sur le coton. L’atelier a permis d’identifier 3 projets de thèses (2 chercheurs Irad et 1 de l’Université de Yaoundé 2) qui seront soutenues par Africam auquel il faut adjoindre 3 thèses (Mathématique, épidémiologie et économie) soutenues par le projet Icare lui-même soutenu par un Exposum de l’Université de Montpellier.