- Accueil
- Dans le monde
- Nos directions régionales
- Afrique de l’Ouest - Zone sèche
- ´¡³¦³Ù³Ü²¹±ô¾±³Ùé²õ
- L’avenir du pastoralisme au Sahel
L’avenir du pastoralisme au Sahel : entre résilience, transition et disparition

Troupeau de bovins qui pâturent au Cameroun. © I. Touré, Cirad
L’importance d’une gouvernance territoriale plus inclusive, une approche pluridisciplinaire et un soutien à la formation ont été mis en lumière. De la valorisation des savoirs endogènes à l’appui aux politiques publiques, en passant par la construction de scénarios à bas carbone avec les communautés locales, les acteurs réunis ont partagé une ambition commune : faire du pastoralisme un levier de résilience et de développement territorial.
La réflexion collective sur l’avenir du pastoralisme au Sahel s’est notamment concrétisée par l’organisation d’un hackathon visant un double objectif : i) renforcer la collaboration entre les équipes pluridisciplinaires du PPZS et les acteurs du développement ; ii) de concevoir des propositions de projets de recherche-action innovants et réalisables qui répondent aux défis du pastoralisme au Sénégal et au Sahel et contribuent à son développement durable.
Ces journées de réflexions ont été alimentées par les résultats engrangés par le PPZS depuis une vingtaine d’année.
Une recherche au service de la gestion durable de l’environnement et des écosystèmes pastoraux
Les travaux menés par les chercheurs du Dispositif de recherche et de formation en partenariat PPZS ont permis de mieux comprendre la réponse de la phytomasse aux régimes hydriques extrêmes (excédent/déficit) et aux pratiques de fauche, avec des résultats indiquant une forte influence des précipitations sur la biomasse herbacée. Des études par télédétection ont permis de modéliser la productivité fourragère et d’évaluer la qualité des parcours en saison sèche à partir d’indices de végétation issus de capteurs satellites (Sentinel, PlanetScope, MODIS).
Par ailleurs, des travaux pionniers ont été réalisés sur la modélisation 3D des arbres sahéliens (Faidherbia albida, Acacia raddiana, Balanites aegyptiaca) afin d’évaluer leur croissance radiale et leur capacité de stockage de carbone, via l'utilisation de drones, LiDAR terrestre et dendromètres. Les résultats montrent une croissance importante en saison sèche pour Faidherbia albida, en décalage avec les autres espèces.
D’autres études ont exploré l’impact de la Grande muraille verte sur les services écosystémiques, la séquestration de carbone, ainsi que la dynamique de croissance de la flore en lien avec les feux de brousse précoces et tardifs. Il ressort que les feux impactent fortement la richesse floristique et la productivité fourragère d’une année à l’autre.
Enfin, le a consolidé l’évaluation du bilan carbone des écosystèmes (agro)sylvopastoraux sahéliens. Il montre que les systèmes pastoraux peuvent générer un bilan carbone négatif (séquestration nette), plaidant ainsi pour leur reconnaissance comme contributeurs à la lutte contre le changement climatique. Des avancées notables ont été faites en matière de production de données de référence, de renforcement de capacités et de formulation d’indicateurs adaptés à la gouvernance climatique régionale.
Ces travaux démontrent l’importance des approches intégrées mobilisant les outils d’observation de paysage, les expérimentations de terrain et les savoirs locaux pour guider les politiques de gestion durable des ressources pastorales et renforcer la résilience des communautés. L’articulation entre savoirs scientifiques et pratiques locales constitue un levier essentiel pour répondre aux défis environnementaux complexes qui affectent les systèmes agro-pastoraux en Afrique de l’Ouest.
Une recherche qui accompagne les dynamiques des sociétés pastorales face aux changements globaux
Le a permis de développer des scénarios de territoires bas-carbone à Labgar et Niakhar (localités au Sénégal), intégrant pratiques agroécologiques, usages des sols et innovations sociales. La plateforme MAELIA a été adaptée au contexte sahélien grâce à une ingénierie collaborative (rétro-ingénierie, modélisation socio-culturelle, deep learning pour délimitation des parcelles).
Plusieurs dispositifs ont été expérimentés avec les communautés locales pour restaurer les terres du Ferlo, notamment via l’usage d’hydrogels et l’inoculation mycorhizienne sur cinq espèces ligneuses. Les taux de reprise et de survie varient selon les espèces, les traitements et les sites, mais confirment la faisabilité de techniques adaptées et co-conçues.
Le a poursuivi l’ancrage de Living Labs, où chercheurs et acteurs co-construisent des solutions locales. Le dispositif SantEff a permis d’initier un suivi participatif de la perception de la santé territoriale à Keur Momar Sarr. Une prospective à l’horizon 2035 dans la zone du lac de Guiers a défini des scénarios contrastés de mobilité animale et de sécurité territoriale.
Des outils d’aide à la décision ont été développés pour sécuriser l’accès aux ressources agropastorales au Tchad. Des modèles de contractualisation entre éleveurs et agro-industries, comme dans la Vallée du fleuve Sénégal, ont été étudiés, notamment à travers l’exemple du partenariat avec la Compagnie sucrière sénégalaise pour la culture fourragère.
Une analyse critique a révélé l’insuffisante de l’intégration du pastoralisme dans les politiques et recherches en agroécologie. Toutefois, plusieurs projets (PreFERLO, DyTAES, Santés & Territoires) explorent les ponts possibles entre pratiques pastorales et principes agroécologiques, en particulier autour de la mobilité, la fertilisation croisée et la gestion territoriale.
L’étude sur Dalbergia melanoxylon dans le Ferlo met en évidence une espèce menacée mais culturellement valorisée. La combinaison d’inventaires, d’enquêtes ethnobotaniques et d’analyses génétiques pose les bases de stratégies de conservation in situ et ex situ.
Des modèles participatifs ont accompagné des dynamiques territoriales, notamment la filière lait à Dagana et les transitions à Diohine. La théorie de la viabilité a été mobilisée pour explorer les trajectoires soutenables. Des jeux sérieux ont été utilisés pour renforcer la gouvernance locale des plans d’occupation et d’affectation des sols dans la zone du lac de Guiers.
Des travaux de thèse ont permis de modéliser les dynamiques de transhumance comme systèmes complexes adaptatifs, en croisant graphes, simulations multi-agents et données GPS. Ces approches offrent de nouveaux outils pour comprendre, anticiper et accompagner la mobilité pastorale au Sahel.
Une recherche axée sur la durabilité et l’amélioration des performance des systèmes pastoraux et agropastoraux
L’usage des technologies numériques en milieu pastoral fait l’objet d’une attention croissante. Une enquête dans le bassin laitier de Richard-Toll a mis en évidence le développement de services de paiement mobile parmi les ménages d’éleveurs. Les travaux en cours d’une doctorante montrent que, malgré un usage encore limité, les outils numériques (WhatsApp, TikTok) jouent un rôle émergent dans la commercialisation, la circulation d’information et l’organisation du travail pastoral, particulièrement chez les jeunes. Cependant, des freins subsistent, notamment en termes de compétences techniques et de pérennité des dispositifs au-delà des projets pilotes.
PPZS participe au réseau international « Global Agenda for Sustainable Livestock » pour valoriser les fonctions économique, sociale et environnementale de l’élevage pastoral. L’étude de cas sur au Sénégal contribue à développer des outils d’évaluation comparée entre pays, afin de démontrer la multifonctionnalité de ces systèmes d’élevage.
Dans le cadre du , des indicateurs socio-économiques, de santé animale et de productivité des troupeaux ont été suivis sur douze ans. Une enquête qualitative conduite en 2024 a approfondi les effets des chocs économiques récents sur les stratégies d’adaptation des ménages pastoraux, offrant des données précieuses pour l’évaluation d’impact du projet.
Les recherches sur les dynamiques de consommation, notamment dans le secteur laitier, ont analysé l’impact des stratégies de responsabilité sociétale d’entreprise des firmes européennes et des marchés de poudre de lait. Le , porté avec La Laiterie du Berger, vise à adapter ce modèle d’entreprise à d’autres pays de la région.
Les effets des dynamiques urbaines sur les filières lait et avicole ont été analysé à travers une thèse de doctorat, révélant des trajectoires différenciées selon les contextes territoriaux. Si la filière avicole bénéficie d’un fort ancrage urbain, le lait local reste confronté à des obstacles structurels à son intégration industrielle.
À l’occasion de l’Année internationale des camélidés, un projet FAO a été lancé sur la chaîne de valeur du lait de chamelle entre la Mauritanie et le Sénégal. Il vise à documenter l’évolution de la transhumance vers des installations pérennes au Sénégal et à analyser les rapports de pouvoir entre les acteurs de la filière.
Les travaux menés autour de La Laiterie du Berger ont mis en lumière l’évolution des rapports de genre dans les ménages pasteurs. Des recherches ont révélé que les innovations apportées par la laiterie ont, dans un premier temps, déséquilibré les dynamiques familiales, avant de favoriser progressivement l’autonomisation des femmes par imitation sociale.
Mieux connaître le Pôle pastoralisme et zones sèches (PPZS)
Le Pôle pastoralisme et zones sèches s’appuie sur un partenariat scientifique solide réunissant quatre institutions fondatrices (Cirad, Centre de suivi écologique, , ) et trois institutions associées (Ecole nationale supérieure d’agriculture, Université Assane Seck de Ziguinchor, Université Gaston Berger) autour de l’objectif suivant : « Comprendre et agir pour le développement des systèmes pastoraux et leur insertion dans les économies régionales ». En 2024, il fédérait quarante-trois chercheurs et enseignants-chercheurs ainsi que quinze doctorants, mobilisés. Le PPZS contribue ainsi à structurer une réflexion pluridisciplinaire sur la durabilité du pastoralisme au Sahel, avec une attention particulière portée au contexte sénégalais.
Il structure son programme scientifique autour de trois axes majeurs : (i) environnement et écosystèmes pastoraux, (ii) gouvernance et dynamiques territoriales, et (iii) productions et filières animales. Deux thématiques transversales : i) la mobilité pastorale et ii) les enjeux sociaux contemporains, complètent cette organisation. En parallèle, ce dispositif investit fortement dans l’enseignement supérieur et le renforcement des capacités des acteurs du développement.
Porté par une vision intégrée du développement durable, le collectif PPZS conçoit et accompagne des programmes articulant gestion durable des ressources naturelles, résilience face aux changements climatiques et souveraineté alimentaire. Il œuvre en étroite collaboration avec les décideurs publics pour l’élaboration de politiques agricoles adaptées, durables et inclusives.