´¡²µ°ù´Ç鳦´Ç±ô´Ç²µ¾±±ð en action contre les ravageurs au Cambodge

15/05/2025
Un atelier national organisé à Phnom Penh a marqué la conclusion d’une étude d’un an sur la chenille légionnaire d’automne et ouvert la voie à de nouvelles stratégies agroécologiques de protection des cultures au Cambodge. Des chercheurs et des représentants d’institutions internationales, d’ONG et de services provinciaux de l’agriculture se sont réunis pour partager leurs résultats et élaborer une nouvelle approche intégrée face aux ravageurs multiples afin de renforcer la santé des plantes et réduire le recours aux pesticides.
le projet Diagnostic des dégâts causés par la chenille légionnaire d’automne dans les exploitations agricoles cambodgiennes
le projet Diagnostic des dégâts causés par la chenille légionnaire d’automne dans les exploitations agricoles cambodgiennes

Participants à l’atelier national du projet DDFAW. © N. Thanon

Organisée le 9 mai 2025 à Phnom Penh, la Journée de la protection agroécologique des cultures était consacrée à l’avenir de la gestion des ravageurs et des maladies dans les systèmes agricoles du Cambodge. L’événement était coorganisé par la Direction générale de l’agriculture (GDA) et le ÌÇÐÄVlog, avec le soutien de l’Ambassade de France au Cambodge. Il a réuni des représentants du ministère de l’Agriculture, d’institutions de recherche, d’universités telles que l’Université royale d’agriculture (RUA), l’Université royale de Phnom Penh (RUPP) et l’Institut de technologie du Cambodge (ITC), ainsi que des ONG telles que HEKS/EPER Cambodia et GRET, et des agents des services provinciaux de l’agriculture.

L’atelier a marqué la conclusion du projet Diagnostic of Damage of Fall Armyworm in Cambodian Farms (DDFAW), qui a mené une étude de terrain d’un an sur les dégâts causés par les ravageurs dans les cultures de maïs et de maïs doux, dans des exploitations agricoles situées à Battambang, Kandal, ainsi que dans des stations expérimentales à Kampong Cham et Battambang. Les participants ont échangé sur les récentes avancées de la recherche en agroécologie et posé les bases d’une nouvelle initiative axée sur des stratégies de protection des cultures contre les ravageurs multiples, adaptées aux conditions agricoles du Cambodge.

Le secteur agricole cambodgien se trouve à un tournant. Confronté à la multiplication des invasions de ravageurs, à la dégradation des sols, à l’utilisation excessive de pesticides et aux effets imprévisibles du changement climatique, le recours actuel à la lutte chimique montre ses limites, tant sur le plan environnemental que pour la santé publique. Les agriculteurs dépendent fortement des pesticides de synthèse pour la gestion des ravageurs, ce qui entraîne le développement de résistances et une perte de biodiversité. Dans ce contexte, la nécessité de passer à des approches plus résilientes et fondées sur les connaissances se fait de plus en plus pressante. L’agroécologie représente une voie d’avenir : elle s’appuie sur les processus écologiques, renforce la biodiversité et redonne aux agriculteurs une plus grande autonomie.

Des données inquiétantes montrent un recours excessif aux pesticides

ÌÇÐÄVlog DDFAW presentation on multi pest management approach

Dr Lucile Delatouche, chercheuse au ÌÇÐÄVlog, présentant les résultats du projet DDFAW (Diagnostic des dégâts causés par la chenille légionnaire d’automne dans les exploitations agricoles cambodgiennes), financé par l’Ambassade de France au Cambodge, lors de l’atelier. © Nuon Thanon

Au cours de l’année écoulée, le projet DDFAW a évalué l’impact de la chenille légionnaire d’automne (FAW) sur le maïs et le maïs doux dans différents systèmes agricoles au Cambodge. Les résultats, présentés par Dr Lucile Delatouche (ÌÇÐÄVlog), ont révélé que les agriculteurs continuent de s’appuyer exclusivement sur des pesticides chimiques, avec en moyenne 2 à 8 applications par cycle de culture, même lorsque les suivis montrent une efficacité limitée pour réduire les dégâts et les pertes de rendement

Ces constats soulèvent des inquiétudes quant à l’efficacité et aux risques liés à la dépendance aux produits chimiques. Des entretiens de terrain complémentaires menés à Battambang et Kandal ont confirmé l’absence de stratégies alternatives de lutte disponibles au niveau des exploitations agricoles.

Cet atelier a permis de présenter pour la première fois une vidéo d’animation réalisée dans le cadre du projet DDFAW, visant à sensibiliser les agriculteurs cambodgiens à l’usage excessif de pesticides, aux risques que cela représente pour la biodiversité et la santé humaine, ainsi qu’au phénomène de résistance aux pesticides.

Les alternatives agroécologiques gagnent du terrain

Les recherches présentées lors de l’atelier ont mis en lumière un nombre croissant d’expériences démontrant que la protection agroécologique des cultures (ACP) peut être adaptée à la diversité des systèmes agricoles cambodgiens. Du riz et soja à l'anacardier, chercheurs et praticiens explorent des solutions permettant de réduire le recours aux intrants chimiques tout en améliorant la résilience des cultures et en maintenant les rendements. Dr Kakada Oeum, de l’Institut de technologie du Cambodge, a présenté ses travaux de doctorat sur les microbiomes associés aux racines dans les systèmes rizicoles, montrant comment les micro-organismes bénéfiques peuvent renforcer la résilience des cultures et réduire la dépendance aux intrants externes.

Kakada OEUM ITC DDFAW project exploration exploitation root-associated microbiome sustainable rice agriculture Cambodia

Dr Kakada Oeum, de l’ITC (Institut de Technologie du Cambodge), présentant les résultats de sa thèse © Nuon Thanon

Le ÌÇÐÄVlog et ses partenaires sont activement engagés dans plusieurs de ces initiatives. Le projet ASSET, co-piloté par le ÌÇÐÄVlog, a appuyé des travaux sur la lutte biologique dans les systèmes de culture d’anacardier, notamment à travers la réintroduction de fourmis tisserandes en collaboration avec HEKS Cambodia. D’autres initiatives en cours, comme WAT4CAM, contribuent à la promotion de l’agriculture de conservation et des pratiques agroécologiques dans les systèmes de culture en zone haute. Ensemble, ces efforts apportent des preuves concrètes que les approches agroécologiques peuvent être intégrées à grande échelle dans la diversité des conditions agricoles du Cambodge.

Une volonté partagée d’engager la transition

Dr Samnang Nguong, Researcher and Dean of Graduate School at Royal University of Agriculture and Center Director of ECOLAND in Cambodia

Mot d’ouverture de Dr Samnang Nguong, chercheur, doyen de l’école doctorale de l’Université royale d’agriculture et directeur du centre ECOLAND au Cambodge. © Nuon Thanon

Agroecological crop protection is a sustainable approach to managing pests and diseases by working with nature rather than against it.

Dr. Samnang Nguong
Dean of the Graduate School at the Royal University of Agriculture and Director of ECOLAND
Mr Samoul Oeurn, Officer at Plant protection department of GDA

M. Samoul Oeurn, agent du département de la protection des végétaux de la Direction générale de l’agriculture (GDA), présentant les préoccupations et les objectifs du MAFF en matière de protection des cultures et de lutte contre les ravageurs. © Nuon Thanon

En plus des projets internationaux, les institutions académiques nationales ont également présenté des recherches en cours soutenant les transitions agroécologiques. Représentant le MAFF, M. Samoul Oeurn, de la Direction générale de l’agriculture, a exposé les défis nationaux en matière de lutte contre les ravageurs et réaffirmé l’intérêt institutionnel pour une évolution vers une moindre dépendance aux produits chimiques.

L’événement a également proposé une session participative dédiée à la co-conception du prochain projet national sur la protection agroécologique des cultures (ACP) au Cambodge. Les participants ont contribué avec des idées autour de stratégies multi-ravageurs adaptées aux contextes locaux, socialement inclusives et fondées à la fois sur les savoirs scientifiques et les connaissances des agriculteurs. Ils ont souligné la nécessité de cadres collaboratifs permettant d’ancrer l’agroécologie dans les politiques publiques, les programmes de formation des agriculteurs et les cursus académiques.

Collective session for building a project on Agroecological Crop Protection

Session collective de co-construction d’un projet sur la protection agroécologique des cultures. © Nuon Thanon

Science et dialogue pour une meilleure visibilité

L’atelier a également accueilli une exposition photographique mettant en valeur les travaux de recherche et de terrain menés dans le cadre du projet DDFAW, ainsi que d’autres initiatives agroécologiques à travers le Cambodge. L’exposition offrait un récit visuel des défis et des innovations au cœur des débats sur la protection des cultures dans le pays.

Pictures exhibition about Agroecological Crop Protection

Exposition photographique sur la protection agroécologique des cultures. © Nuon Thanon

En combinant science, dialogue ouvert et approche multisectorielle, la Journée de la protection agroécologique des cultures a ouvert la voie à une nouvelle phase d’action collective. L’enjeu désormais est de traduire cette vision partagée en un programme national concret, capable d’accompagner la transition du Cambodge vers une agriculture plus saine et plus résiliente.