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Cultiver la coopération entre le Vietnam et le Sénégal en agroécologie

Visite de terrain chez les producteurs agricoles bénéficiant du soutien de DyTAEL dans le cadre du modèle Living Lab © A. Dao, ÌÇÐÄVlog
En juin, une délégation vietnamienne s’est rendue au Sénégal dans le cadre d’une mission exploratoire visant à identifier des axes de coopération scientifique en agroécologie. À travers des rencontres avec des chercheurs, des coopératives agricoles et des institutions locales, la mission a permis un partage d’expériences autour de la riziculture, de l’agriculture durable et des politiques publiques soutenant la transition agroécologique dans les deux pays. Portée par le Cirad en Asie du Sud-Est continentale et en Afrique de l’Ouest - Zone sèche, avec le soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, cette initiative s’inscrit dans une dynamique de coopération Sud–Sud face à des défis communs : salinisation des sols, changement climatique et sécurité alimentaire.
Renforçant cette dynamique, lors d’une rencontre bilatérale récente au Forum économique mondial de Tianjin, les présidents du Vietnam et du Sénégal ont exprimé leur volonté commune de renforcer la coopération agricole, en particulier dans les domaines du riz et de la noix de cajou, à travers des échanges de connaissances, des partenariats pour la sécurité alimentaire, et la coopération Sud–Sud.
La délégation a réuni plusieurs institutions clés du Vietnam, dont l’Académie des sciences agricoles du Vietnam (VAAS), l’Institut de politique et de stratégie pour le développement agricole et l’environnement (IPSAE) et le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement (MAE). Cette visite a confirmé l’intérêt commun des deux pays pour le développement de modèles agricoles durables fondés sur les échanges de connaissances.
Le Sénégal a exprimé un vif intérêt pour l’expertise vietnamienne en matière d’intensification rizicole et de sélection variétale. De leur côté, les représentants vietnamiens ont saisi l’occasion d’apprendre des stratégies communautaires mises en œuvre au Sénégal pour l’agriculture en zones sèches, centrées sur l’innovation institutionnelle et locale. En réunissant des acteurs politiques, scientifiques et du développement des deux pays, avec le soutien de la France, la mission a jeté les bases d’une collaboration structurée et durable.
Relier la recherche sur les systèmes rizicoles à travers les continents
Le riz s’est imposé comme une priorité technique commune tout au long de la mission. Lors des échanges avec l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (SAED) et AfricaRice, les discussions ont porté sur la sélection variétale, la gestion de l’irrigation et les pratiques culturales à faibles émissions. Les partenaires sénégalais ont souligné la nécessité de renforcer la production rizicole nationale, en particulier dans les zones touchées par la salinisation et la sécheresse. Ils ont mis en avant plusieurs contraintes : la qualité des semences, l’accès à l’eau, et l’organisation des coopératives au sein de la chaîne de valeur du riz.
La délégation vietnamienne a partagé son expérience en matière de développement variétal de riz tolérant à la salinité et à la sécheresse, ainsi que dans la mise en œuvre de techniques telles que l’alternance des périodes d’irrigation et de drainage (AWD), le Système de Riziculture Intensive (SRI) et l’intégration riz–poisson. Ces échanges ont permis d’identifier des pistes concrètes de collaboration future, notamment pour adapter les systèmes rizicoles aux contraintes écologiques communes aux deux pays.
Les Living Labs, espaces d’innovation agroécologique
La délégation vietnamienne a également visité des sites agroécologiques de type Living Lab à Fatick et dans la région du lac de Guiers. Ces sites sont soutenus par l’Initiative pour la Transition Agroécologique Locale (DyTAEL), une plateforme de terrain mise en œuvre par une coalition d’ONG, dont ENDA-Pronat, et visant à co-développer et tester des pratiques agroécologiques. L’approche Living Lab favorise l’innovation collaborative entre les agriculteurs et les structures d’appui pour répondre à des défis locaux tels que la salinisation des sols et l’irrégularité des précipitations.
Dans les différents villages en Living Lab visités, les agriculteurs ont montré comment ils expérimentent des systèmes rizicoles écologiques, plantent des arbres fruitiers et utilisent du compost pour améliorer la fertilité des sols dans des zones touchées par la salinisation et la sécheresse. Les autorités locales et les producteurs ont également expliqué comment le Living Lab contribue à structurer la coopération et les échanges de connaissances entre communautés agricoles.
Dialogue politique pour l’avenir
En plus des échanges techniques et des visites de terrain, la mission a inclus des rencontres de haut niveau avec les représentants du ministère de l'Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l'Élevage, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Agence française de développement (AFD) et le Fonds international de développement agricole (IFAD). Ces discussions ont permis d’inscrire le partenariat Vietnam–Sénégal dans une vision plus large de la transition agroécologique et de la résilience des systèmes alimentaires, tout en soulignant un fort soutien institutionnel et une cohérence entre les stratégies nationales et les priorités de la coopération internationale.
Une visite de retour d’une délégation sénégalaise au Vietnam est prévue pour août 2025, avec des visites de terrain et des échanges institutionnels visant à découvrir l’expérience vietnamienne en matière de systèmes rizicoles à haut rendement et faibles émissions, ainsi que de modèles agroécologiques intégrés. Des discussions sont également en cours pour formaliser une coopération scientifique à travers la signature d’un protocole d’accord entre l’Académie des sciences agricoles du Vietnam (VAAS) et l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA). En s’appuyant sur la dynamique initiée par ce premier échange, les partenaires ambitionnent de co-développer des activités de recherche, de favoriser l’apprentissage mutuel et d’impliquer les bailleurs de fonds dans le soutien à un partenariat Sud–Sud structurant et de long terme pour la transition agroécologique.