Les systèmes alimentaires, leviers clés pour affronter la crise climatique à l’échelle locale

Plaidoyer 25 juin 2025
Le Cirad a participé à la Conférence sur les changements climatiques qui vient de se terminer à Bonn. Cette réunion de mi-année guide les négociations qui ont cours dans les COP climat. Avec la FAO et Welthungerhilfe (WHH), le Cirad y a co-organisé un side-event sur les investissements en faveur de l’action climatique par la transformation des systèmes agroalimentaires à l’échelle locale. Résumé avec Nathalie Cialdella, agronome au Cirad et co-organisatrice de l’événement.
Nathalie Cialdella, agronome au Cirad, conclut le side-event à la Conférence sur les changements climatiques de Bonn co-organisé avec la FAO et WHH le 19 juin 2025 au World Conference Center Bonn © L. Dourojeanni Alvarez, WHH
Nathalie Cialdella, agronome au Cirad, conclut le side-event à la Conférence sur les changements climatiques de Bonn co-organisé avec la FAO et WHH le 19 juin 2025 au World Conference Center Bonn © L. Dourojeanni Alvarez, WHH

Nathalie Cialdella, agronome au Cirad, conclut le side-event à la Conférence sur les changements climatiques de Bonn co-organisé avec la FAO et WHH le 19 juin 2025 au World Conference Center Bonn © L. Dourojeanni Alvarez, WHH

L'essentiel
  • L'agriculture familiale produit 80 % de l’alimentation mondiale, mais ne reçoit que 1,7 % des financements pour l’action climatique.
  • Pour le Cirad et ses partenaires, le soutien aux systèmes alimentaires durables est l’un des principaux leviers de l’action climatique, mais aussi de la préservation de la biodiversité, des sols et des êtres humains.

« L'agriculture familiale et traditionnelle est un pilier essentiel de la sécurité alimentaire, de la résilience climatique et des systèmes alimentaires durables. » C'est sur ce constat sans équivoque qu'Hervé Rogez, Professeur à l'Université fédérale du Parà et partenaire du dP Territoires Amazoniens a démarré son intervention à l'événement organisé par le Cirad, la FAO et le WHH, en parallèle de la 62e session de la Conférence sur les changements climatiques de Bonn. 

Le secteur agroalimentaire est à la fois un émetteur majeur de gaz à effet de serre et l’un des plus vulnérables au changement climatique. Sa transformation est essentielle pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris tout en assurant la sécurité alimentaire mondiale.

L’importance de l’agriculture et de la sécurité alimentaire apparaît dans divers flux de négociations de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques comme l’action conjointe de Koronivia (SJWA) ou le (GGA)… Pourtant, le financement reste un goulot d’étranglement critique, avec de grandes lacunes dans la quantité et la qualité du financement climatique pour les systèmes agroalimentaires ().

Le financement de l'agriculture familiale et des économies traditionnelles est essentiel, de la récolte durable à la valorisation des résidus. Ces initiatives s'inscrivent dans le cadre de l'action climatique, ont un impact local profond et contribuent à l'économie résiliente et inclusive dont nous avons besoin de toute urgence.

Hervé Rogez
Professeur à l'Université fédérale du Parà et partenaire du dP Territoires Amazoniens

Renforcer les mécanismes d’investissement au profit des communautés locales

L'agriculture familiale, les communautés locales et les peuples autochtones sont des acteurs clés de l’adaptation des systèmes alimentaires, ils sont aussi garants de la sécurité alimentaire. Pourtant ils ont du mal à accéder au financement climatique en raison d’instruments inadaptés, d’obstacles bureaucratiques et d’économies informelles. Pour relever ces défis, il faut des mécanismes financiers innovants et une coordination institutionnelle plus forte, notamment entre les banques multilatérales de développement et les banques publiques de développement agricole, afin d’accroître les investissements dans des systèmes agroalimentaires résistants au climat.

Le soutien aux systèmes alimentaires durables est l’un des principaux leviers de l’action climatique, mais aussi de la préservation de la biodiversité, des sols et des êtres humains.

Nathalie Cialdella
Agronome au Cirad et co-organisatrice de l’événement

« Nous avons organisé cette table ronde pour reconnaitre que le soutien aux systèmes alimentaires durables est l’un des principaux leviers de l’action climatique, mais aussi de la préservation de la biodiversité, des sols et des êtres humains, explique Nathalie Cialdella. En ce sens, le financement de la transformation des systèmes alimentaires durables suppose une approche systémique pour relever les défis mondiaux. »

Cet événement visait à favoriser le dialogue entre les négociateurs, la société civile, les organisations intergouvernementales et les institutions de recherche, afin de :

  • stimuler l’action collective et d’apporter des solutions concrètes aux réformes nécessaires pour améliorer la qualité et la quantité du financement du climat pour les systèmes agroalimentaires,
  • garantir l’intégration des systèmes agroalimentaires durables dans les programmes de financement du climat,
  • fournir des , montrant que les approches locales enracinées dans les connaissances des communautés et les cadres fondés sur les droits peuvent produire des résultats transformateurs, mais se heurtent à des goulets d’étranglement financiers,
  • améliorer l’accès financier des petites exploitations familiales, des communautés locales et des peuples autochtones dans le monde entier.