Crises et sécurité alimentaire : comment lutter contre la hausse des prix des denrées sur les marchés internationaux ?

Vient de sortir 21 juillet 2022
Le Cirad lance une série d’analyses sur les crises et la sécurité alimentaire dans le cadre de son policy brief Perspective. Dans le 1er numéro de cette série, Franck Galtier, économiste au Cirad, propose deux leviers pour limiter la hausse des prix des céréales et des huiles végétales sur les marchés internationaux : limiter l’usage des céréales pour les biocarburants et, en cas de hausse spécifique des prix du riz, autoriser le Japon à exporter son stock OMC de riz.
Préparation de galettes de blé au nord-est de l'Inde (image d'archives). © G. Trébuil, Cirad
Préparation de galettes de blé au nord-est de l'Inde (image d'archives). © G. Trébuil, Cirad

Préparation de galettes de blé au nord-est de l'Inde (image d'archives). © G. Trébuil, Cirad

Sur les marchés internationaux, les prix des céréales tels que le blé et le maïs, mais aussi des huiles végétales (colza, tournesol, soja, palme) ont augmenté à partir de la mi-2020. À la veille de la guerre en Ukraine, en février 2022, les prix avaient déjà pratiquement doublé par rapport au premier semestre 2020, en raison de l’envolée du prix des énergies fossiles (pétrole et gaz naturel). La guerre en Ukraine n’a fait qu’exacerber une tendance à la hausse, selon Franck Galtier.

D’après l’auteur de ce 1er Perspective de la série « Crise et sécurité alimentaires », les biocarburants ont joué un rôle majeur dans cette hausse. « Les biocarburants lient en effet le prix de ces denrées à celui du pétrole : lorsque le prix du pétrole augmente, l’industrie des biocarburants accroît sa demande de maïs et d’huiles végétales ». Par conséquent, l’auteur propose de limiter provisoirement cet usage industriel pour faire baisser leurs prix.

Au cas où la crise s’étendrait au prix du riz, resté stable pour l’instant, Franck Galtier indique qu’une solution serait d’autoriser le Japon à exporter son stock de riz constitué dans le cadre des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Afin de prévenir les crises futures, ces deux leviers pourraient être déclenchés dès que les prix internationaux de ces denrées agricoles atteignent des niveaux prédéfinis. « Les clefs de ces deux leviers sont pour l’essentiel entre les mains des États-Unis et de l’Union européenne. (…) des engagements pourraient être formalisés par un accord à l’Organisation mondiale du commerce », conclut l’économiste.

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A propos de l’auteur
Franck Galtier est économiste au Cirad à l’UMR MoISA (Montpellier Interdisciplinary Center on Sustainable Agri-food Systems). Ses recherches portent essentiellement sur les marchés, les crises et les politiques alimentaires. Ces dernières années, il a beaucoup travaillé sur la gestion de l’instabilité des prix et les réserves alimentaires.

 

Une série sur les crises et la sécurité alimentaire dans le cadre de Perspective
Comment les scientifiques abordent les différentes crises et leurs répercussions locales sur l’insécurité alimentaire ? Quelles options proposent-ils pour y faire face ? Ces questions alimenteront une série d’articles sur les crises et la sécurité alimentaire dans le policy brief du Cirad, Perspective. Dans Perspective, des auteurs scientifiques proposent des pistes de réflexion et d’action sur une question stratégique pour les pays du Sud au regard des enjeux globaux et de leur expertise. Dans cette nouvelle série, ils livreront des analyses permettant d’éclairer l’actualité en cours, et recommander des leviers d’action aux décideurs.