Podcast | Plus de bananes, moins de pesticides - S.6 脡p. 2

Vient de sortir 25 juillet 2025
R茅duire les pesticides dans les bananeraies n'est pas chose facile : la forte pluviom茅trie des zones de production favorise l'apparition des champignons, obligeant les agriculteurs 脿 traiter intens茅ment. Dans l'objectif d'initier une transformation puissante de la fili猫re, l'entreprise Lidl a lanc茅 en 2024 un projet de ferme pilote en Colombie, bas茅 sur des techniques agro茅cologiques. Au bout d'un an, les traitements phytosanitaires ont baiss茅 de moiti茅, les bananeraies sont en bonne sant茅, et le rendement est similaire. Un projet qui a r茅ussi un autre tour de force : celui de mettre autour de la table l'ensemble des acteurs de la cha卯ne, du producteur colombien Tecbaco 脿 l'importateur fran莽ais AZ France, en passant la grande distribution ainsi que la recherche.
Formation des techniciens agricoles du groupe colombien Tecbaco, producteur de bananes聽漏 R. Alcrudo, Cirad

Formation des techniciens agricoles du groupe colombien Tecbaco, producteur de bananes © R. Alcrudo, Cirad

Avec :

  • Annaïg Blouin, ingénieure agronome au Cirad
  • Inès Dupouy, cheffe de projet RSE à Lidl et chargée de la responsabilisation des filières fruits et légumes

L’un des principaux dangers pour les bananeraies aujourd’hui, c’est un champignon qu’on appelle la cercosporiose noire. Comme tous les champignons, la cercosporiose est très dépendante de la pluviométrie. Or la majorité des zones de production de bananes est située sous les tropiques, dans des zones à forte pluviométrie.

Feuille de bananier atteint par la cercosporiose noire, ou "maladies des raies noires" © R. Alcrudo, Cirad

Feuille de bananier atteint par la cercosporiose noire, ou "maladies des raies noires" © R. Alcrudo, Cirad

Aussi appelée la « maladie des raies noires », ce champignon peut rapidement entraîner une perte des feuilles du bananier, puis une perte de rendement. Pour les producteurs, chaque perte compte : la culture de bananes est ce qu'on appelle une culture à faible valeur ajoutée, c'est-à-dire que le revenu d'une exploitation dépend largement de la quantité de bananes produite.

Station d'emballage des bananes du groupe Tecbaco, dans la région de Santa Marta, au Nord de la Colombie © R. Alcrudo, Cirad

Station d'emballage des bananes du groupe Tecbaco, dans la région de Santa Marta, au Nord de la Colombie © R. Alcrudo, Cirad

Traiter n'est donc pas simplement un moyen d'assainir les bananeraies : c'est une garantie pour les producteurs et les productrices de s'assurer un revenu décent. Dans le cadre du projet de ferme pilote, des méthodes alternatives basées sur la surveillance des plantations et l'utilisation de produits homologués en bio ont été testées. Après un an, les résultats montrent une baisse de moitié des traitements phytosanitaires et un niveau de rendement similaire. Surtout, la maladie des raies noires est contrôlée et aucune résurgence n'a été notée.

La principale technique expérimentée est basée sur de la surveillance des bananiers et l'application d'une huile minérale qui repousse le champignon. Cette méthode est notamment appliquée pour de nombreuses bananeraies antillaises françaises © R. Alcrudo, Cirad

La principale technique expérimentée est basée sur de la surveillance des bananiers et l'application d'une huile minérale qui repousse le champignon. Cette méthode est notamment appliquée pour de nombreuses bananeraies antillaises françaises © R. Alcrudo, Cirad

Ce projet associe Lidl, le Cirad, un importateur français appelé AZ France, ainsi que le groupe colombien Tecbaco, producteur de bananes. L'ensemble de la chaîne, de la production à la distribution, jusqu'à la vente, a donc été impliqué. Lidl est particulièrement moteur de ce type d'initiatives vers la transition agroécologique des filières : l'entreprise s'est donné pour défi une réduction de 50 % des produits phytosanitaires sur tous ces approvisionnements en fruits et légumes d’ici 2030. Pour rappel, environ 70 % des françaises et des français font régulièrement leurs courses dans des enseignes de la grande distribution. 

Nourrir le vivant, le podcast du Cirad

La population mondiale devrait atteindre dix milliards de personnes en 2050, faisant bondir la demande en produits agricoles. Or, nos approches conventionnelles de la production et de la consommation ne permettent pas de répondre durablement à cette augmentation. Entre pollution, perte de biodiversité, réchauffement climatique… Comment ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Ce défi, colossal, nous impose de changer radicalement notre rapport au vivant. À travers son podcast Nourrir le vivant, le Cirad vous emmène à la découverte de territoires et populations qui réinventent leur agriculture. Accompagnés de scientifiques, agricultrices, formateurs, étudiantes, éleveurs découvrent la force de transformation des systèmes agricoles, de la production alimentaire à l’emploi, en passant par la santé des écosystèmes.

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