Podcast | Riziculture tropicale en Camargue - S.6 Ép. 3

Vient de sortir 1 août 2025
En Camargue, quelques agriculteurs ont fait le pari de l'agriculture de conservation. Technique conçue et développée sous les tropiques, l'agriculture de conservation repose sur trois principes : le "no-till", c'est-à-dire aucun travail du sol ; des couverts végétaux en permanence pour éviter de laisser le sol à nu ; et une biodiversité cultivée la plus importante possible. Moins de machines, moins de carburant, moins d'intrants chimiques...et autant de rendement.
Rizière camarguaise en agriculture de conservation © Y. Sanguine, Cirad
Rizière camarguaise en agriculture de conservation © Y. Sanguine, Cirad

Rizière camarguaise en agriculture de conservation © Y. Sanguine, Cirad

Avec :

  • Stéphane Boulakia, agronome au Cirad 
  • Xavier Jourdan, agriculteur en Camargue

La vision classique de la culture du riz implique souvent des rizières inondées où l'eau miroite. Le sol est dur et très compacté, afin d'éviter toute infiltration et donc perte d'eau. Dans ces systèmes, le riz ne développe pas ses racines, le sol s'appauvrit et se tasse rapidement. Il existe pourtant d'autres manières de cultiver le riz, comme cela a été prouvé sous les tropiques. Xavier Jourdan et Stéphane Boulakia l'ont expérimenté sur plusieurs hectares de rizières camarguaises.

Stéphane Boulakia (à gauche) et Xavier Jourdan (à droite) devant une rizière de Xavier, cultivée en agriculture de conservation © Y. Sanguine, Cirad

Stéphane Boulakia (à gauche) et Xavier Jourdan (à droite) devant une rizière de Xavier, cultivée en agriculture de conservation © Y. Sanguine, Cirad

En agriculture de conservation, l'exploitant ne travaille pas son sol. Il n'y a donc aucun labour, et le sol est couvert en permanence par différentes plantes ou de la matière organique. Le semi s'effectue sur cette biomasse. Cette technique assure une régénération rapide du sol. Pour Xavier Jourdan, il s'agit simplement de « recréer un habitat avec des habitants ». Ainsi décompacté, le sol voit revenir une macrofaune : les vers de terre, les fourmis, les termites, etc.

Dans ce sol meuble, le riz développe facile ses racines © Y. Sanguine, Cirad

Dans ce sol meuble, le riz développe facilement ses racines © Y. Sanguine, Cirad

Loin de l'eau miroitante des rizières inondées, le riz en agriculture de conservation profite plutôt de bains en début de cycle. Une fois son système racinaire établi, la plante va elle-même chercher l'eau dans la nappe en sous-sol. Les économies d'eau sont donc importantes, et les rizières résistent aussi mieux aux grosses périodes de sécheresse.

Rizière en bain, riche en matière organique © Y. Sanguine, Cirad

Rizière en bain, riche en matière organique © Y. Sanguine, Cirad

Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un projet financé par la Région Sud avec des fonds européens, et coordonné par le Cirad et le Centre français du riz. Il s’agit du projet AC-riz, pour « Agriculture de Conservation sur le riz en Camargue ». Pour les agriculteurs, la prise de risque se situe surtout lors de la période de transition entre le système conventionnel et le système en agriculture de conservation. Si Xavier Jourdan a pu se lancer dans l’aventure en 2019, c’est donc aussi parce que les risques économiques des deux premières années étaient en partie couverts dans le cadre du projet. 

Nourrir le vivant, le podcast du Cirad

La population mondiale devrait atteindre dix milliards de personnes en 2050, faisant bondir la demande en produits agricoles. Or, nos approches conventionnelles de la production et de la consommation ne permettent pas de répondre durablement à cette augmentation. Entre pollution, perte de biodiversité, réchauffement climatique… Comment ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Ce défi, colossal, nous impose de changer radicalement notre rapport au vivant. À travers son podcast Nourrir le vivant, le Cirad vous emmène à la découverte de territoires et populations qui réinventent leur agriculture. Accompagnés de scientifiques, agricultrices, formateurs, étudiantes, éleveurs découvrent la force de transformation des systèmes agricoles, de la production alimentaire à l’emploi, en passant par la santé des écosystèmes.